Ce matin j'ai été conviée par une amie octogénaire à une partie de chasse aux groseilles.
Dans son jardin se trouvent deux types de groseilles : les groseilles communes et les groseilles à maquereaux.
1 –
LA GROSEILLE COMMUNEC’est un petit fruit rouge joliment mis en valeur par le vert feuillage qui l’entoure. Il pousse en petites grappes sur une tigelle qui la rattache au plant.
La groseille est un fruit très
timide : au premier coup d’œil, vous avez l’impression que le groseillier n’est pas très chargé. En réalité, la groseille se cache soigneusement à l’intérieur du plant, derrière un rideau de feuilles qui les rend quasiment invisibles. Seules quelques unes font le guet et montrent leur présence.
La groseille est, le plus souvent, un fruit
grégaire. Vous repérez une grappe… et il y en a toute une tribu aux alentours. Vous ne savez plus par quel bout commencer tant la population est nombreuse !
Ces deux caractéristiques posent quelques problèmes au cueilleur. En effet, il doit impérativement quitter la position verticale pour se mettre à leur hauteur. C’est ainsi que le cueilleur doit fourrer sa tête dans le groseillier pour repérer les coquines, prenant ainsi des positions de plus en plus instables pour attraper ce fruit timide qui se cache derrière tout ce qu’il trouve : feuille, tige, liserons etc…
On repère facilement le cueilleur de groseilles à la fin de sa cueillette : quel que fut son état en début de cueillette, à la fin il est inexorablement plié en quatre, se raccrochant à tout ce qu’il trouve à portée de main (tige, arbre, grillage…) pour tenter de trouver un brin de verticalité, avec force aïe, ouille et grimaces..
La groseille peut se consommer de différentes manières : sirop, gelée, confitures (du coté de Verdun on extirpe les pépins à l’aide d’une plume d’oie, sinon c’est caca !), tarte, gateau… La groseille possède également une fonction méconnue, souvent découverte par hasard : si vous portez des chaussettes que vous n’avez pas eu le temps de ravauder, mangez des groseilles. Leur acidité naturelle est souvent suffisante pour resserrer les trous des chaussettes…
2 –
LA GROSEILLE A MAQUEREAU.
Contrairement à sa cousine, la groseille à maquereau est une
solitaire. C’est un fruit rond, avec une curieuse barbichette. Elle peut prendre différentes couleurs, du vert au pourpre. Celles qu’on me propose sont d’un joli blond doré.
La groseille maquereau pousse seule sur son pédoncule et
défend son domaine avec un acharnement opiniâtre, à l’aide de longs piquants fichés sur le tronc du groseillier. Bien que peu timide, elle se montre très
casanière et s’accroche à sa branche de toute ses forces. Après une bataille contre un groseillier maquereau, l’état du cueilleur peut laisser planer des doutes sur les activités dudit cueilleur : rencontre avec un chat sauvage ? activités nocturnes débordantes ?????
Au niveau du gout, la groseille maquereau ne s’en laisse pas non plus conter : une attaque franche, sucrée, parfumée, qui s’achève sur une acidité inattendue, du genre « Je t’ai bien eu au tournant… »
L’utilisation de la groseille maquereau tient principalement au gobage nature. On parle beaucoup d’un mariage avec…les maquereaux…. Mais je n’ai jamais essayé. En revanche, gelée (parcimonieuse) et confitures sont tout à fait possibles. Une confiture associant la cardamome est un vrai régal. N’oublions pas les tartes, bien entendu.
La chasse à la roseille fut bonne.